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Jean-Maxime Carrier, le brigadier qui pique ton Cœur
13 Jul 2016

Nous avons rendez-vous à 18 heures, au KB café en haut de la rue des Martyrs, dans le 9ème. Moitié timide et moitié communicant, grand même assis, Jean-Maxime Carrier parle de son combat : recréer du lien social entre les gens, voire de l’amour ? Le trentenaire a pour cela imaginé « La brigade de l’amour » il y a deux ans. Son projet : des apéros dans une ambiance détendue pour favoriser les rencontres en direct. En un mot, un antidote à la loose de la drague 2.0.
Fleur bleue
Le petit Jean-Maxime grandit à Lyon, les yeux levés vers un papa psychiatre qu’il admire beaucoup. Il en retire un sens aigu de l’altruisme et un profond désir d’aider les autres. « J’aurais adoré faire le même métier, mais mon père me l’a interdit », explique le trentenaire. Car ce besoin d’aider l’autre se retourne souvent au détriment de Jean-Maxime. Il s’oublie et se placerait même en ligne de mire si cela pouvait aider quelqu’un. « Il faut que je prenne du recul, j’apprends encore », assure-t-il.
Jean-Maxime arrive en amoureux à Paris en 2008. Mais ce n’est pas une ville Happy pour lui. « Elle est belle, c’est sûr. Mais personne ne se parle », détaille-t-il. L’angoisse pour ce garçon animé par le lien social. Il garde à l’esprit cette motivation profonde qui lui chuchote qu’il peut y faire quelque chose, faire en sorte que les gens sourient, qu’ils se reparlent, qu’ils se touchent. Le concept au cœur de la brigade de l’amour, ce sont alors ces convictions. Et Paris est un défi. Manque plus qu’un petit coup de pied au Q’uotidien pour que la machine se mette enfin en marche.
Rupture et Connexion
Ce qui lance Jean-Maxime dans sa croisade, c’est d’abord un point de rupture. Retour en arrière, 10 ans auparavant. Jean-Maxime a 21 ans, rencontre une fille, ça colle vraiment entre eux et un jour, ça fait huit ans « Je la couvrais d’attentions… trop en fait », analyse-t-il aujourd'hui. Jusqu’à ce soir de 2014 où il rentre et la trouve en larmes : elle décide de faire une croix sur leurs projets de mariage et le quitte. « Quand j’ai compris que ce n’était pas une blague, j’ai pris ma main droite et ma main gauche et j’ai plongé comme Laure Manaudou au fond de la piscine. Sauf que dans ma piscine il n’y avait pas d’eau et je me suis pris le fond dans la tronche », raconte Jean-Maxime.
Au fond de la piscine, Jean-Maxime semble capter la wifi. Il se retrouve inscrit sur Adopte un Mec, Tinder et Meetic. Au début ce n’est pas si mal, son ego reprend des couleurs. « Je me suis rappelé ce que je valais sur le marché », explique le dragueur connecté. Mais ce petit mot - « marché » - c’est tout le problème. « Swippe je te choppe, swippe je te choppe pas, aucun moyen de connaître la personne. Je ne me reconnais pas du tout dans ce supermarché du cul ». Mais entre ne pas se reconnaître et créer une brigade de l’amour, il y a quand même un monde.
Pour Jean-Maxime, le déclic intervient alors qu’il cherche à acheter un canapé. « Je suis devant mon ordi. Deux fenêtres ouvertes, une où je coche mes critères pour choisir un nouveau canapé, et une autre pour m’inscrire sur Meetic… où je coche mes critères pour choisir une meuf. L’angoisse : canapé idéal ou femme idéale, dans les deux cas, je coche des cases. » Cela fait alors trois mois que la famille et les amis de Jean-Maxime essaient de l'aider à sortir de sa déprime. Mais c’est bien cette réalisation qui lui fait enfin poser le pied sur la première marche de l’échelle qui le sortira de sa piscine vide.
Déconnexion et Rencontres
Jean-Maxime déconnecte. Out les miroirs aux alouettes de la rencontre, mais pas seulement : « Je me suis rendu compte que la seule façon de m’en sortir était de tout changer. J’ai quitté mon boulot de conseiller en stratégie dans la pub, j’ai monté ma propre boite de conseil et j‘ai commencé à avancer comme ça. » Comment a-t-il trouvé le courage de tout envoyer valser ? Il a vu sa galère comme un signe. « Je me laissais porter. Je n’avais jamais pris de risques pour provoquer le destin, alors c’est lui qui est venu me chercher », raconte ce rescapé de la dépression. En parallèle de son nouveau travail, Jean-Maxime ouvre aussi une page Facebook « La brigade de l’amour ». Il y poste des citations ou des pensées, signées « Amoureusement vôtre, la brigade de l’amour ».
Le nom peut porter à confusion et le site aussi. On y voit une petite équipe, vêtue de sweats-shirt « La brigade ». Jean-Maxime explique : « Comme ça s’appelle la brigade de l’amour et qu’en général, une brigade ce n’est pas une seule personne, j’ai mis en photo une petite équipe sur le site. Eux, ce sont mes meilleurs amis, ceux qui m’ont sorti de ma dépression il y a deux ans et demi »
Rapidement, les publications Facebook trouvent leur public. Le compteur de « like » s’emballe et Jean-Maxime commence à recevoir des emails. Conseils conjugaux, recommandations de drague… « Je me suis dit "wow, je ne suis pas Psychologies Magazine, va falloir que je borne le truc assez vite" », raconte-t-il. L’idée des apéros de l’amour prend forme. Une sorte d’anti-soirée Meetic, car il sait de quoi il parle : « Là-bas on a envie de se pendre. Tout le monde s’observe du coin de l’œil pour tenter de voir quel est le problème chez toi pour que tu te retrouves célibataire à trente piges. » Aux apéros, les célibataires doivent venir accompagnés pour ne pas se retrouver tout seuls, être dans une ambiance détendue et amicale. « C’est cette démultiplication de réseaux-là qui permet de provoquer le destin. »
Le 28 avril dernier, le premier apéro de l’amour voit le jour. Le succès est au rendez-vous. Sur les 200 personnes inscrites à l’événement Facebook, 400 se présentent. Le second apéro de l’amour suit, le 27 mai, puis le troisième et dernier en date, le 30 Juin. Le concept est rôdé : à l’entrée, des messagers de l’amour en t-shirt brigade avec de grandes ailes d’ange. Ils distribuent des badges siglés brigade : rouge pour les célibataires, noir sinon. Pour briser la glace, les messagers virevoltent dans la soirée pour que les célibataires puissent s’échanger de petites notes. « Certains sont plein de confiance et donnent directement leur numéro, d’autres vont être plus poétiques. Certains passent la soirée à échanger des messages et au final se retrouvent sur la piste de danse », explique l'organisateur de ces événements.
Jean-Maxime n’est plus tout seul dans sa brigade. Ils sont des centaines de romantiques à Paris et ailleurs. Promis, il étendra ses apéros dans d’autres villes de France très vite. Mais ce n’est pas le seul projet de Jean-Maxime. Ses yeux pétillent : « L’idéal serait de créer des brigades par arrondissement. ». Car lorsque Jean-Maxime voit tous ces gens rire, papoter, danser... il a réussi sa mission : « C’est exactement ça qui me rends le plus heureux, rendre les gens heureux. »
Happy Bonus
Le 24 mars dernier, la troupe qui faisait la comédie musicale aux Folies Bergères et Jean-Maxime ont marché dans Paris à l’occasion de la première « journée de l’amour ». Ballons en forme de cœurs, T-shirts de la Brigade et Happy de Pharell Williams en fond sonore. Le mot d’ordre : « Redonner la banane aux passants ».

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