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Anne-Sophie Robineau : "Entreprendre, ce n'est pas un sprint, c’est un marathon"
7 Nov 2016
Anne-Sophie, Épisode 3 - Happy Project s'associe avec Ticket For Change pour vous faire suivre de l'intérieur « Ticket for Action », le programme d'accompagnement des entrepreneurs sociaux de demain. Anne-Sophie Robineau, 29 ans, et Camille Fallot Lefevre, 37 ans, ont six mois pour passer à l'action. De l'idée au lancement de leurs projets, en passant par les tests et prises de tête, embarquez avec ces deux Parisiennes pour une aventure entrepreneuriale mais surtout très sociale. Avec à la clé, on l'espère, de quoi vous inspirer...
Au programme de ce nouvel épisode : Anne-Sophie raconte son quotidien d'entrepreneure, entre bordel, rendez-vous et adaptation.
Petit checkpoint, où en est ton projet ?
Anne-Sophie : Mon projet pour l’instant c’est compliqué. Compliqué car en plus d’avoir ce projet avec Ticket for Change, je suis aussi présidente d’une association qu’on a co-fondé il y a trois ans avec des copains. En soi, rien d’incompatible d’apparence. Seulement ces dernières semaines, voire même ces deux derniers mois, ont été uniquement régis par mon asso et non par mon projet. D’où une très grande frustration. Frustration envers moi-même de ne pas arriver à jongler avec les deux, de me laisser dépasser, de ne pas être assez organisée, etc. Frustrée avec l’asso et notre fonctionnement car on n'arrive pas à trouver un équilibre qui me permette de dégager du temps pour moi et mon projet.
Ce dernier avance mais il très doucement. J’ai quand même réussi à faire quelques rencontres, quelques rendez-vous clés qui me permettent de continuer à y croire et de vouloir aller plus loin. Je me suis aussi rendue compte qu’en fin de compte, même si certains du programme vont bien plus vite, je préfère vraiment pouvoir prendre mon temps pour construire un projet solide, cohérent, adapté. Ainsi, je prends chaque jour comme il vient et apprends à composer avec ce qui se présente à moi. L’univers hospitalier est un univers très lent où décrocher un rendez-vous peut prendre des semaines voire des mois. Dans l’intervalle, j’ai donc décidé de mobiliser des gens de mon réseau pour voir comment articuler les choses et faire avancer la réflexion. Je rencontre des spécialistes des 5 sens, des professionnels de santé, tant dans le soin que dans la gestion d’établissement. J’ai également donné suite aux contacts obtenus après la soirée de clôture à la Maison de la Radio. J’élabore mon projet pas à pas, je me nourris des échanges avec toutes les personnes rencontrées et précises progressivement l’idée de départ, ne perdant pas de vue la vision initiale.
Côté forme & moral, comment cela se passe depuis la dernière fois ?
Côté forme, c’est pas top top. J’ai été très sollicitée par mon asso donc j’ai accumulé pas mal de fatigue. J’essaie de récupérer. J’essaie aussi de ne pas trop culpabiliser à me dire que je suis bien à la ramasse en comparaison des copains de promo TfC16 et ça, c’est plus compliqué. Du coup, ma tribu me réconforte et me décontracte pas mal sur le sujet quand on s’appelle chaque semaine, ce qui fait du bien à entendre. C’est fou comme ils savent me redonner un bon coup de boost. Concernant le moral, là aussi des hauts et des bas mais je reste sur un moral assez positif car je reste convaincue du bien-fondé du projet. Les gens que je rencontre ne manquent pas de me le dire. C’est juste qu’au quotidien, cela peut être compliqué et qu’aujourd’hui je souhaite vraiment rencontrer un co-fondateur avec qui avancer sur le sujet, avec qui pouvoir challenger les idées, réfléchir et concevoir le projet dans son ensemble.
Une épreuve à nous raconter ?
Garder la motivation au quotidien. Pour moi, c’est la plus grosse épreuve. Car à force de pitcher ton projet à tout le monde, tu récoltes de nombreux retours, et chacun te fait douter, te challenge, te déroute. Il faut savoir maintenir le cap et en même temps avoir la flexibilité de pouvoir pivoter quand cela semble nécessaire et adapté. La juste question est de savoir quand c’est le bon moment. J’ai eu des retours très différents, et je dois dire que certains m’ont fait énormément douter sur la réalisation du projet, du concept même de boîte à outils. Cela enrichit la réflexion mais apporte de nouvelles perspectives qu’il faut savoir prendre en compte à leur juste mesure. Du coup, la dimension humaine de mon projet est super importante, et pourrait, selon l’expérimentation terrain, devenir essentielle. À voir selon ce que l’avenir me réservera…
Une victoire ?
Voir l’enthousiasme des gens quand on discute du projet, voir leurs réactions, leurs retours, leurs idées. Ça fuse, ça va vite, c’est chouette et ça fait sourire. Ensuite, on va plus en détails, on réfléchit ensemble, on co-construit. Des entreprises rencontrées aussi montrent de l’intérêt au projet ce qui confirme la démarche. Bref, c’est super cool & ça booste le moral.
À quoi ressemble ton nouveau quotidien ?
C’est sûr qu’on est plus en mode tour de France. Au tour, les choses allaient si vite, et le fait d’être entre entrepreneurs, c’était un méga boost d’énergie, d’idées, de motivation. Un gros kif quotidien quoi. Aujourd’hui, c’est pas la même chose mais c’est pas mal non plus, il faut juste s’organiser. Et je suis pas super forte en la matière. Du coup, mon quotidien, c’est toujours autant le bordel. Certains jours, je bosse de chez moi. D’autres, je dois partir en rendez-vous. D’autres encore, je dois partir en déplacement pour l’association, donc incapacité de prévoir à moyen terme. C’est plus de l’impro au quotidien. C’est aussi ça être entrepreneur je crois, s’adapter sans cesse, être dans le mouvement comme un caméléon qui s’adapte à tout et sait se fondre dans le décor, s’y adapter et y évoluer. Il faut juste ne pas avoir le tournis, ne pas perdre pied, garder la tête sur la boussole et trouver un équilibre pour s’économiser. Car comme un grand ami m’avait dit un jour en rapport avec se battre contre le cancer, je trouve que c’est tout autant adapté pour le fait d’entreprendre, à savoir que c’est pas un sprint, c’est un marathon. Donc prendre son temps et s’écouter/s’économiser sont de mise.
Rendez-vous le mois prochain pour l'épisode 4 de Anne-Sophie !