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Camille Fallot Lefevre : "Aujourd'hui quand je me lève, je sais pourquoi"
28 Oct 2016
Camille, Épisode 3 - Happy Project s'associe avec Ticket For Change pour vous faire suivre de l'intérieur « Ticket for Action », le programme d'accompagnement des entrepreneurs sociaux de demain. Anne-Sophie Robineau, 29 ans, et Camille Fallot Lefevre, 37 ans, ont six mois pour passer à l'action. De l'idée au lancement de leurs projets, en passant par les tests et prises de tête, embarquez avec ces deux Parisiennes pour une aventure entrepreneuriale mais surtout très sociale. Avec à la clé, on l'espère, de quoi vous inspirer...
Au programme de ce nouvel épisode : Camille nous raconte à quoi ressemble son nouveau quotidien (speed mais zen).
Petit checkpoint, où en est ton projet ?
Camille : J'ai commencé à constituer une communauté de bénévoles qui ont envie de participer à un grand événement en 2017. L'objectif : aider les réfugiés à créer un CV, leur apprendre à communiquer dessus. Les bénévoles sont issus du monde associatif ou de l'entreprise. Mon idée est de constituer des binômes mixtes, et de les former pour, qu'ensemble, ils puissent aider un réfugié à traduire son parcours en termes de compétences, à qualifier sa personnalité, bref à valoriser son intelligence culturelle. La solidarité qui existe autour des réfugiés est l'un des atouts du projet.
J'ai également démarré un comité de pilotage avec des personnalités compétentes sur la migration, l'emploi des réfugiés ou l'assistance psychologique des migrants. Nous avons chacun nos projets, nous partageons nos difficultés et nous nous échangeons des contacts. C'est une vraie force !
Enfin, j'ai postulé à pas mal de groupes de soutien pour entrepreneurs sociaux et en plus de Ticket For Change, je suis maintenant accompagnée par 3 entités implantées à Paris, Liège et Bruxelles. Un incubateur de start ups high tech m'accompagne donc en pro bono pour réaliser le business plan et développer du réseau en matière de culture ; un centre de business innovant et « créatif » et un groupe d'entreprises sociales m'aident à trouver des sources de financement. À chaque fois, il m'a fallu beaucoup de culot pour y arriver !
Côté forme & moral, comment cela se passe depuis la dernière fois ?
Le mois de septembre a été super dur. Le tour avec Ticket for Change a été euphorisant, et le retour à la "vraie vie" un peu déstabilisant. Quand on travaille pendant 10 jours à 50, on démultiplie ses forces. Ses faiblesses aussi, parfois ! Mais on avance tous de front. On se pose beaucoup de questions mais elles trouvent plus vite des réponses, comme si les questions des autres faisaient avancer les tiennes et réciproquement. La vraie vie, c'est mon fils que je veux continuer à le voir grandir, mon mari qui m'accompagne dans tous mes questionnements, mes amis, ma famille, mes recherches d'emploi pour qu' « i.jobs project » devienne un « side project » et que je puisse avoir le temps de le faire éclore. Le projet a commencé à germer dans ma tête l'année dernière et je me suis lancée avec une première version en mai. Le temps passe et chaque fois, il faut remonter la machine à énergie.... Qui chez moi est assez conséquente ! Mais quand même ! Le mois d'octobre est plus facile. Le projet avance, je vais bien mais je suis super fatiguée ! J'aime pas l'automne, le froid, ça joue peut-être aussi ! :)
Une épreuve à nous raconter ?
En septembre, je m'étais fixée comme second objectif de trouver une proposition de valeur innovante sur mon social business qui parle aux réfugiés et qui me parle aussi, à moi. Quand on part de rien pour un projet, je trouve que c'est parfois difficile d'arriver à définir ce qu'on aime vraiment faire et de le faire matcher avec le projet. Là-dessus encore, j'ai pris pas mal de temps. On entend tous les jours parler des réfugiés aux infos et tous les jours il y a de nouvelles initiatives citoyennes qui se lancent pour les aider. Sur l'emploi, on en a moins, c'est plus technique que les dons, ou le bénévolat mais il m'a fallu plusieurs semaines pour observer et décortiquer toutes les solutions qui sortent, en France, en Belgique, aux Pays Bas, en Allemagne... et même aux États-Unis ! À un moment, je me suis noyée dans cette analyse de l'existant. Il a fallu que je m'arrête. Que je me lance. Et que je me fasse confiance dans mon intuition à aller dans une direction et une seule pour commencer. On a beau savoir ce que le Lean Start Up / l'amélioration continue c'est la clé, moi je n'ai jamais travaillé comme cela. Quand on est consultant, on te demande un résultat net propre carré et one shot. Donc j'avance, j'arrive à me débloquer, mais globalement sur le business canvas, je ne tiens pas les délais que je m'étais fixée !
Une victoire ?
J'ai décroché un poste qui me plait. Après 10 ans dans le conseil en organisation, dans des banques, j'ai réussi ma mutation dans les ONGs, et je dirige désormais l'un des plus gros projets annuels de Médecins du Monde à Bruxelles, le plan hiver. Le programme est dédié aux sans-abris, et il dure 7 mois. L'idée est d'avoir plus de réseau dans les associations et l'étiquette d'une « grande » marque comme sponsor. C'est un poste à temps partiel, 3/5ème. Mon objectif est de passer moins de temps sur i.jobs project mais d'être plus efficace en priorisant mieux mes actions.
Cette reprise du travail, c'est le début d'une nouvelle organisation mais aussi d'un nouveau cycle professionnel. Mon expertise devient double : je suis experte dans les entreprises. Plan social, fusion, migration, restructuration, j'ai participé à des projets qui impliquaient de grands changements pour l'entreprise et pour les hommes. Et aujourd'hui je monte en compétences pour devenir experte dans le monde associatif auprès des populations vulnérables. Cet énorme écart, c'est l'aboutissement de 18 mois de réflexion sur ce que je veux vraiment faire de ma vie et à quoi je donne vraiment du sens ! Aujourd'hui quand je me lève, je sais pourquoi. La reconnaissance que je cherchais chez les autres, c'est fini. Je l'ai trouvé en moi, et je crois que c'est l'une de mes nouvelles forces. Ça me convient très bien !
À quoi ressemble ton nouveau quotidien ?
Pour l'instant, c'est un peu le bordel ! 3 jours par semaine, je bosse chez Médecins du Monde. Mon fils et ses activités de mini-mec (rugby et karaté) me grignotent les mercredis après-midi. Et mon dernier jour ½ est dédié au projet. Je cours trop, et avant quand, je disais cela, j'avais l'impression que c'était normal. Aujourd'hui, j'ai complètement changé d'avis. Je dois me trouver un rythme plus serein, pour arriver à concilier mes 2 activités professionnelles et à conserver une vie de famille en restant zen. Je ne mets plus mes sprints quotidiens sur le dos de mon employeur, j'ai décidé que je devais arriver moi-même à me fixer un rythme qui me convient. Le niveau d'exigence que l'on se fixe, souvent c'est aussi celui qu'on se met. Donc pour être plus cooooooooool, je prends des cours d'apnée statique (si vous ne connaissez pas, faut vraiment essayer, c'est géant), et je lis des bouquins de méditation. Un jeune entrepreneur social avec qui j'en parlais m'a dit un jour : « Il ne faut pas que la pression soit supérieure à la passion et à l'ambition ». Roooooh. J'ai trouvé ça génial. C'est mon nouvel axe de développement personnel : Moi, j'en ai marre d'être speed !
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Rendez-vous le mois prochain pour l'épisode 4 de Camille !