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Anne-Sophie Robineau : "Comment apporter du mieux-être en hospitalisation ?"
30 Aug 2016
Anne-Sophie, Épisode 1 - Happy Project s'associe avec Ticket For Change pour vous faire suivre de l'intérieur « Ticket for Action », le programme d'accompagnement des entrepreneurs sociaux de demain. Anne-Sophie Robineau, 29 ans, et Camille Fallot Lefevre, 37 ans, ont six mois pour passer à l'action. De l'idée au lancement de leurs projets, en passant par les tests et prises de tête, embarquez avec ces deux Parisiennes pour une aventure entrepreneuriale mais surtout très sociale. Avec à la clé, on l'espère, de quoi vous inspirer...
Au programme de ce premier épisode : on fait les présentations avec Anne-Sophie Robineau, juste avant le départ du Tour de France de Ticket for Change. Soit 10 jours pour donner un coup de boost à son projet et définir un plan d'action, tout en étant épaulées par des coach, des mentors et autres experts dans le domaine.
Qui es-tu ?
Anne-Sophie : Après mon bac, j'ai suivi un parcours classique d'école de commerce. Il m’a permis de bouger et d’avoir une licence espagnole ainsi qu'un double master franco-allemand en commerce international. À 3 semaines de finir mes études, petit hic santé. En un instant, je suis rapatriée en France pour une batterie d’examens et résultat des courses : « C’est un cancer, mademoiselle. » De là, boum je mets tout en stand by et j'enfile mes gants de boxe pour une grosse année. J’ai quand même gueulé pour pouvoir passer mes rattrapages et avoir mon diplôme dans les temps. C’est une double victoire et avec, dans la foulée, ma rémission un an après. Dans l’après-maladie, des rencontres avec d’anciens patients m’ont amené à créer avec des amis « On est là », une association de soutien des jeunes contre le cancer. En parallèle, j’ai signé un CDI dans une société de SAMU héliporté : je me suis prouvée que j’avais encore des compétences en entreprise malgré mes 2 ans de « trou dans le CV ». Avec On est là, on a tout créé de zéro, ce qui a été super intense et intéressant à la fois. Deux expériences très riches d’enseignements. En septembre dernier j’ai accepté une rupture conventionnelle et j'ai dédié les 9 mois suivants à 100% sur l’association. Au bout de cette période et alors que je venais de perdre ma meilleure amie d’une rechute cancer, j’ai vu l’appel à candidature de Ticket for Change. Ça faisait longtemps qu’une idée d’entreprise sociale autour de cette même thématique de la santé me trottait dans la tête et j’ai décidé de me lancer : la vie était trop courte pour rater ça. J’ai été retenue et depuis juillet, je suis à fond sur mon nouveau projet !
Quel est ton projet ?
Mon projet a déjà changé depuis le début du programme, et c’est je crois la logique principale du processus, à savoir pivoter. Pour le pitch lors des entretiens en mai dernier, j’avais proposé un concept de « box douceur » pouvant apporter douceur, escapade, gourmandise et légèreté pour une personne dont le quotidien est assombri par la maladie et l’hospitalisation. Ayant constaté que ce concept avait déjà pris forme sur Marseille en fin d’année dernière, je suis allée à la rencontre des co-fondatrices pour en savoir plus. J’ai alors dédié mon immersion terrain de 2 mois à l’identification claire de ma problématique, à savoir comment apporter du mieux-être en hospitalisation.
Comment est née l’idée de ton projet ?
L’idée de mon projet m’est venue par étape. J’ai d’abord eu besoin de créer l’association une fois la rémission acquise, pour pouvoir redonner l’amour et le soutien que l’on avait pu m’apporter pendant mes traitements. Via On est là, j’ai mené de nombreux groupes de paroles de patients ainsi qu’avec des anciens patients, des soignants, des parents. À chaque histoire, de nombreuses anecdotes associées, et cette impression latente que tant de choses sont encore à créer pour aider le quotidien des patients. On a évoqué avec des copains des idées et des projets de start-ups, ce qui m’a challengé et m’a fait réaliser mon envie de passer moi aussi à l’action en portant à mon tour un projet qui avait du sens et un impact. J’ai directement choisi la santé car c’est un monde « qui me parle », que je connais dans ma chair et que je côtoie aujourd’hui avec l’association. Et du constat que pour la plupart des gens aujourd’hui, mettre les pieds à l’hôpital peut être problématique et source de souffrances, j’ai souhaité amener du mieux-être dans cette épisode de vie difficile.
À quelle phase de développement se situe ton projet ?
Je suis au début de mon projet. J’ai, je crois, bien ciblé ma problématique et ma vision. J’en suis à présent à la définition d’une solution adaptée au contexte hospitalier. Mon intuition de départ est que peu importe la pathologie ou l’âge, il y a des besoins et attentes non comblées des patients, que l’on doit pouvoir solutionner avec une réponse commune.
Comment as-tu découvert l’entrepreneuriat social ?
Pendant mes études, j’ai toujours été curieuse de ce monde de l’entrepreneuriat. Arrière-petite fille, petite fille, nièce et cousine d’entrepreneurs, j’ai un peu l’impression que c’est limite dans mon ADN cette histoire-là, que ça me parle et que la prise de risque ne me fait pas peur. Ayant eu à la fois une première expérience professionnelle compliquée et de nombreuses implications dans le monde associatif depuis mon enfance, je suis tombée amoureuse de l’entrepreneuriat social quand j’en ai entendu parler. J’ai eu l’impression que c’était le pont idéal entre ces deux mondes d’apparence si différents.
Qu’est-ce qui te plait dans cette manière d’entreprendre ?
C’est donner un sens réel et concret à son action. C’est avoir un impact sur la société et non pas seulement la recherche de la maximisation d’un profit financier. C’est créer un produit ou un service qui va permettre de contribuer à répondre à un problème de société actuel urgent. C’est suivre son intuition sur un sujet qui nous interpelle et passer à l’action pour tenter d’y remédier, tout en ayant cette conscience collective.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de participer au programme Ticket for Action ?
Parce que j’ai été inspirée par Ticket for Change. Je me suis retrouvée un peu par hasard, l’an dernier, à leur soirée de clôture du Tour à la Maison de la Radio à Paris. J’ai été subjuguée, émerveillée, inspirée par tout ce que j’ai entendu ce soir-là. De nombreuses choses ont fait écho en moi et j’ai gardé cette soirée dans un coin de ma tête, en gardant un œil sur leur actu.
Sur quels points dois-tu particulièrement travailler pendant ce Tour ?
Du point de vue perso, je dois apprendre à me faire confiance, à lâcher prise et à faire confiance au processus. L’équipe pédagogique, avec les 3 coachs, fait un travail remarquable et nous guide de main de maître sur tout le cheminement qu’une graine d’entrepreneur se doit de suivre pour pouvoir passer de l’idée à l’action. Ils nous abreuvent d’outils clé, de méthodo et d’opportunités de rencontres et d’échanges avec des mentors et des pionniers pour avancer et challenger nos idées. Du point de vue projet, je dois préciser ma solution, la définir clairement et décider d’un plan d’action sur lequel dérouler les quelques mois à venir, avec toute la phase de maquette et prototypage ainsi que le remplissage progressif de mon action canvas.
Qu’attends-tu du Tour ?
J’essaie de ne pas avoir trop d’attentes pour me laisser surprendre. J’espère de nombreuses rencontres riches de sens, des séances de travail productives, des découvertes, des hauts et des bas, des fous rire aussi et surtout de la bienveillance et de la convivialité. #DoitwithJoy comme ils disent à Ticket. J’attends d’être challengée, bousculée, accompagnée, guidée et avant tout inspirée par tous ces individus.
Où te vois-tu dans six mois ?
Se projeter a toujours été compliqué pour moi. Six mois c’est loin. D’ici là, un milliard de choses peuvent se passer. C’est l’un des enseignements cancer. Alors, à voir où le vent me porte j’ai envie de dire. Ce que je sais, c’est que ma problématique me tient à cœur, aux tripes, et que j’ai envie de pouvoir contribuer à inverser la tendance, pour que l’hôpital devienne un lieu bienveillant et accueillant dans lequel les patients puissent être pris en charge à la fois physiquement et émotionnellement. Le comment reste à définir.
Rendez-vous en septembre pour l'épisode 2 d'Anne-Sophie !